Lettre à L…
9 juin 2011 Un commentaire
Mon cher L….
Quel, plaisir de te revoir…après au moins 20 ans , je pense…tu n’as pas trop changé, peut-être un peu grossi du visage, mais si peu….non pas changé…
Si, tu as pris la nationalité du pays, même si tu restes toujours français. Tu t’es vraiment installé, ta voix s’est un peu modifiée, mais tu n’as pas d’accent quand tu parles français, non tu parles toujours aussi bien, ne t’inquiètes pas, tu n’as pas perdu ta langue maternelle…
Tu m’écris sur Facebook avoir adoré me retrouver. Tu sais , c’est tout à fait réciproque. On a reparlé de trucs de lycée que j’avais totalement effacé de ma mémoire, c’est incroyable…les noms des profs, des copains, des lieux que j’avais vraiment supprimé, oublié. Mais pour toi, je pense que ce sont aussi des repères importants pour ton passé de français , toi qui a choisi un avenir sous une autre nationalité…
A t’écouter, te voir, je me demande pourquoi je ne suis pas resté dans ce pays…oh, je le sais bien j’étais un peu jeune, avide de pleins d’autres découvertes, que j’ai pu faire d’ailleurs, mais aujourd’hui, je me sens un peu dans une impasse….
C’est marrant aussi, tu as changé ton prénom…J’ai bien compris que L… dans la langue du pays avait une signification pas sympa….mais excuse moi, pour moi, tu es toujours L…même si en changeant de prénom comme le disait David L (ce dont je parlais dans une lettre précédentes à David Porthos), on changerait de personnalité, de caractère.
Mais je pense que tu es resté le même, que tu as toujours été comme ça.
Tu m’as parlé de ta vie, de ta grande maison, de ton boulot. Tu ne m’as rien dit sur ta vie « sentimentale ». Il faut dire qu’on n’en parlait jamais entre nous….Trop timide, encore puceau peut-être, je en sais plus…..Toujours est-il que je n’ai pas osé te demander. Marié? apparemment non, et en tous les cas tu n’as pas d’enfants. Coureurs de jupons? non plus, je ne pense pas. Un copain? oui, je pense, et tu n’oses me le dire. C’est vrai que je suis d’un milieu, que nous sommes d’un milieu, où « ce genre de choses » se cache (j’en sais quelquechose). J’aurais dû te poser la question et puis te dire , que moi aussi….
Te dire aussi que je pense que j’étais vraiment amoureux de toi quand on était en terminale. Je ne sais pas quand ça a commencé , mais c’est vrai que déjà , on s’entendait très bien , dans cette classe de merde où tous les autres nous ennuyaient…et puis, je me souviens très bien de toi quand on allait à la piscine: toi , bon nageur, tu étais dans le groupe des forts, moi, dans les moyens..on se croisait au bord des plongeoirs, et…j’étais en admiration devant ton corps athlétique, de nageur , comme je les aime toujours d’ailleurs…à l’époque, je ne déshabillais pas encore dans ma tête mes interlocuteurs, donc je ne me souviens pas de ce que pouvait cacher ton petit maillot de bain noir, plutôt serré d’après mes souvenirs…..mais je m’en souviens très bien, de ce petit maillot de bain noir, qui mettait si bien en relief, en valeur, tout le reste….
Un soir , tu es venu réviser le bac à la maison. Mes parents n’étaient pas là et tu es resté dormir. Je crois t’avoir proposé la chambre de mon frère, ou de dormir avec moi(j’avais un très grand lit) « pour continuer à discuter/réviser ensemble avant de dormir »…Je crois, ou c’est mon imagination qui travaille……en tous les cas, je me souviens d’un moment un peu géné, où tu as très vite tranché en disant que tu dormais dans la chambre de mon frère..et tu t’es mis en pyjama, qui ne laissait rien montrer de ton si beau corps…Voilà, ce fut tout…mais un certain émoi, une attirance forte pour laquelle je n’osais faire aucun geste…
Après , on a réussi nos bacs, on a fait des études différentes, on a gardé contact, et puis, peu à peu , on s’est perdu de vue….La magie d’internet a permis qu’on se retrouve…..
L’autre soir, j’aurais dû te demander avec qui tu vis, comment il s’appelle…oh, j’ai trouvé qui c’est sur ton facebook…c’est assez facile même si vous ne vous exhibez pas comme un couple…mais j’ai compris…
J’aurais dû rester un jour de plus…tu m’as proposé de venir habiter chez toi quand je reviendrais…oui je reviendrais…je te porterais cette lettre…et peut-être que tu ne voudras plus me revoir…ou j’ose espérer, tu m’accueilleras dans ton lit pour quelques nuits…
Je t’embrasse avec tous les souvenirs de cette période innocente des lycées, avec tous le poids (ou la légèreté?) de ces années passées..
Arthur
PS: je t’ai envoyé un message hier soir sur Facebook…je te demandais la signification du surnom qu’on s’était donné…tu as répondu immédiatement, avec la définition précise de ce mot trouvé sur un vieux dictionnaire, définition que tu m’avais donc énoncée, pendant ces années de lycée, et à laquelle j’avais répondu par « mon sourire si typique », m’écris-tu aujourd’hui….oui, nous avions plus qu’une grande complicité….Besos
PS bis: en fait, moi aussi , j’ai changé de prénom…..
Une lettre qui ne restera pas sans réponse… bises